Pour une psychologie intégrative

Comme vu précédemment (article : une compréhension occidentale du vivant & une autre vision du vivant), nous allons analyser les trois courants principaux : Psychanalyse, Systémie, et Comportementalisme. À travers trois aspects :

  1. Le point de vue de la maladie, comment elle est prise en compte.
  2. Le point de vue du malade, comment il est considéré.
  3. Le point de vue du médecin, comment il voit la vie.

Afin de voir si il y a bel un bien un lien entre ces approches.

1.                 La psychanalyse.

La psychanalyse est une percée majeure dans l’approche de la santé. Pourquoi ? Car alors qu’auparavant, c’était Dieu ou les dieux qui soignaient, la psychanalyse met en place un concept désuet, relié à l’adorcisme : accepter le message qui est véhiculé par les forces qui nous traversent et nous dérangent, afin d’être transformés par elle. Ainsi, c’est nous qui nous soignons. À l’origine, les devins grecs prédisaient l’avenir et réduisaient l’humain à un futur prédictible, défini par les dieux. La maladie était la difficulté à accepter son destin. Au Moyen-Âge, la pratique du confessionnal permettait de dire ses fautes et de se faire pardonner par Dieu. Avec le développement de la psychanalyse, ce n’est plus Dieu ou une entité différente de nous qui pardonne, c’est nous qui nous pardonnons. Cette reprise de pouvoir sur soi fut un tournant décisif dans la mise en place des psychothérapies (A. Bioy, communication personnelle, 18 avril 2019). Comme l’explique Thomas Schwab (2019), les thérapies sont passées de la vision de l’expert qui sait pour le patient à celui du participant qui rend le patient acteur de sa vie. Dans la vision psychanalytique, c’est le malade qui crée sa maladie. Les symptômes de sa maladie sont le point de jonction entre deux dynamiques : le principe de plaisir et le principe de réalité (Freud, 1999).

Le principe de plaisir retrace toutes les envies de la personne, tandis que le principe de réalité est l’accumulation des croyances que la personne s’est faite du monde (interdit/tabou/obligation…). Ainsi, ses envies essayent d’être comblées par une répercussion concrète dans le monde. Or, certaines envies ne sont que difficilement réalisables, générant énormément de frustrations qui affament le principe de plaisir. Celui-ci va être reclus à trois possibilités : la régression, la perversion ou la sublimation. La régression est le retour à un principe de réalité antérieur où le principe de plaisir était satisfait. Par exemple, l’enfant qui était cocooné par sa mère lorsqu’il était anxieux avant d’aller dormir, remettra en place cette dynamique si cette affection n’est plus réalisée par sa mère et que l’enfant en ressent un manque (Freud, 1999). Ceci créera une répétition (Lacan, 1973).

La perversion est l’inverse de la régression, ce n’est pas le principe de plaisir qui involue mais le principe de réalité. Celui-ci se voit modifier pour convenir au principe de plaisir et amène à des comportements abusifs. La réalité n’étant pas d’accord avec le désir du sujet, le sujet réalisera quand même son désir en niant la réalité. Dans notre exemple de l’enfant, ce serait l’enfant qui harcèle sa mère pour se faire cocooner alors que celle-ci n’est pas disponible. Enfin, la sublimation serait la dynamique où le principe de plaisir et de réalité s’accommode ensemble d’un mode d’expression qui convient aux deux. L’artiste est en constante sublimation dans ses créations. Il réalise ce que lui dicte son plaisir tout en ne refusant pas le principe de réalité, ainsi il y a une projection de son envie sur un tableau par exemple. Pour l’enfant de notre exemple, une sublimation serait le transfert de son désir d’affection en un nounours qu’il serrerait contre lui. Ainsi, dans ce procédé se met en place le « retour de l’imagination à la réalité ». (Freud, 1999, p.477).

La maladie est donc une somme de compromis entre principe de réalité et de plaisir. Le malade est défini par la tension que génère ce couple d’opposés pour se satisfaire. Ceci crée la névrose et la psychose. Alfred Adler (2017) définit la névrose comme une nervosité à une condition donnée et la psychose comme une nervosité qui entraîne l’imagination et fait oublier à la personne le principe de réalité. Ainsi, le malade est quelque chose de commun. Toute personne est touchée par des angoisses et ainsi fait partie de la grande famille des névrosées. C’est la difficulté à agencer cette nervosité avec les deux principes vus précédemment qui génère la maladie. Le médecin se place donc dans une position d’écoute et de laisser la personne malade réaliser des associations libres de pensées qui lui permettront de trouver la solution à son problème. Cette solution générée par le démêlement des pensées conduit à un réajustement du principe de réalité et celui de plaisir ouvrant le champ à la sublimation (Freud, 1999). Le médecin est là pour donner cet espace d’association qui permet l’élaboration d’une nouvelle compréhension.

2.                 Le comportementalisme.

Dans la même période que la psychanalyse, au début du XXe siècle, le comportementalisme est né. À contre-pied de la psychanalyse, celui-ci ne s’intéresse qu’exclusivement au comportement, rangeant l’esprit dans une boite noire mise de côté pour rester sur l’observation fine de ce qui est objectivable : le comportement. Cette dynamique se base sur le conditionnement classique de Pavlov, puis opérant de Skinner. Le conditionnement est la somme des influences qui conduisent à un comportement. Le chien de Pavlov est l’exemple connu pour expliquer ce principe. La maladie est donc une erreur de conditionnement. La santé passe par un reconditionnement dans ce cas. Pour une personne arachnophobe, ceci se traduit par une peur excessive lors de la perception d’une araignée. L’araignée est donc le stimulus qui vient activer la réponse : l’angoisse. Cette réponse étant inadapté à son contexte et la menace objective de l’araignée, cette personne va être reconditionnée. Pour ce faire, on l’expose à plusieurs reprises au stimulus de l’araignée tout en lui demandant de se relaxer. Cette relaxation va alors s’associer à la perception du stimulus et ainsi modifier l’expression. Lorsque la personne ne génère plus d’angoisse, elle est considérée comme soignée (Benson, 2014). Le malade est donc celui qui souffre, la maladie est le symptôme exprimé (la panique dans cet exemple) et le médecin est celui qui ré-associe la réalité avec du plaisir. Progressivement, les prises en charge vont s’ouvrir à la prise en compte de cette « boîte noire » qu’est l’esprit dans son processus associatif. Les traitements vont donc devenir cognitifs. Ainsi naissent les Thérapies cognitivo-comportementales (TCC). La technique restera similaire, sauf que l’on évoquera et proposera verbalement l’association que le sujet devrait recréer. Alors que dans les précédentes prises en charge, l’association était jugée automatique comme avec le petit Albert (âgé de 11 mois) conditionné par J.B. Watson en 1920 pour être terrifié à la vue d’un petit mammifère (Benson, 2014). Suite à la vague hippie, les TCC ont aussi pris leur dose orientale et ont ajouté la prise en charge de l’émotion au moyen de la méditation notamment, qui est devenu monnaie courante dans les outils appliqués en TCC (Cottraux, 2014). La thérapie ACT n’y fait pas défaut (Monestès & Villatte, 2011).

3.                 La systémie

Apparu plus tardivement, la systémie reprend les logiques orientales en considérant l’homme comme faisant partie d’un Tout et que sa vie est la conséquence des échanges qu’il a avec son milieu. Cette notion, déjà très développée par le bouddha dans le principe de vacuité, aura une première répercussion avec la Gestalt puis la systémie (Benson, 2014). Cette dernière comprend l’humain dans un système et la maladie n’est que l’expression de ce système (politique, familial, relationnel…). Le malade n’est que le traducteur du système et le médecin est une personne issue d’un autre système proposant des fonctionnements alternatifs à ce système (Nardone & Wittezaele, 2016). Ainsi la systémie voit la vie comme un système que l’on peut modifier pour permettre à l’échange de mieux « s’écouler » si l’on prend la logique d’un cours d’eau. Le systémicien sera celui qui propose des réaménagements de ce cours d’eau afin qu’il descende jusqu’à la mer sans heurt. Ainsi il permet des réajustements de la réalité afin que le plaisir s’écoule naturellement.

4.                 Différences et points communs de ces thérapies.

Nous avons présenté ces thérapies en synthétisant avec le modèle théorique de la psychanalyse afin de souligner le point commun théorique entre ces approches. Les différences se façonnent principalement sur le point de vue du praticien qui lui n’est jamais le même. Même au sein de la même école, deux praticiens n’ont pas le même angle de vue sur leur malade. Cette diversité interindividuelle est d’autant plus flagrante si les deux praticiens ne font pas partie de la même école, mais arrive-t-on tout de même au même point ? Comme nous l’avons vu dans les exemples précédents, le but est d’accommoder le principe de réalité (la réalité) avec celui de plaisir. Le psychanalyste le réalise grâce à l’association libre qui successivement change le point de vue du patient sur sa réalité et ses envies. Ainsi la réalité du patient se restructure permettant aux plaisirs d’exister dans cette réalité. Le comportementaliste modifie la réaction du patient qui modifie ainsi les associations du patient et ainsi sa représentation de la réalité. Le principe de réalité en est modifié permettant le plaisir d’émerger dans cette réalité. Pour le systémicien, il propose des réaménagements sociaux et cognitifs amenant la personne à percevoir la réalité autrement et à modifier la chaîne de conséquence de ses actions. Ainsi, son principe de réalité en est aussi modifié. Cette réalité étant modulable, le systémicien utilise la logique : « percevoir, c’est choisir. » (Wittezaele & Nardone, 2016, p.71). Et ainsi il permet d’autres choix au patient. La façon d’expliquer la prise en charge diffère, mais la logique reste similaire. Ainsi, quel que soit l’approche, le praticien suit la même idée : permettre aux patients la réalisation de ces désirs dans son principe de réalité. Si, quelle que soit l’approche, on retrouve le même déroulé alors l’histoire devrait être le garant de cette logique ancestrale.

5.                 Cette pensée n’a-t-elle pas toujours existée ?

La méditation propose depuis plusieurs millénaires la prise en compte de son émotion qu’elle soit jugée positive ou négative. En méditant, le praticien ne fait qu’un avec son émotion et ainsi lui donne une place dans son esprit. Cette place sera ensuite symbolisée par la prise de refuge à l’intérieur de soi et son expression dans l’imaginaire. Cette expression prendra progressivement la forme d’une mudra (forme corporelle) permettant à cette émotion d’exister dans la réalité. En méditation, les mudras peuvent être la jnâna mudra, ou mudra de la connaissance (figure 6).

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Figure 6 : Jnâna mudra ou posture de la connaissance

Celui-ci symbolise la connaissance de son monde intérieur qui est similaire au monde extérieur. En ancrant cette compréhension et ce ressenti de connexion avec le Tout à travers un signe, on fait une association entre réalité physique et ressenti profond. En hypnose, cette notion prend le terme d’ancrage (Erickson, Rossi & Rossi, 2014). Si on l’exprime sous des termes psychanalytiques, c’est le passage dans un état de fantasme, qui est la réalisation du principe de plaisir sans le principe de réalité (introversion jungienne) qui mènera à une extraversion du fantasme à travers un symptôme. Ce symptôme prendra la forme d’un comportement méditatif ou une posture corporelle favorisant la méditation. Cette dernière permet une expression sans heurt de la libido (le Shiva lingam est la forme de Shiva sous une forme de phallus et représente l’énergie de vie) qui s’élève dans le corps jusqu’au ciel sans nécessairement devoir se transposer sur un objet (Jung, 2005 ; Silburn, 1980).

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Figure 7: Forme ancestral de Shiva : le Shiva Lingam

La libido est la force de l’énergie sexuelle dans la psychanalyse. Cette énergie sexuelle prend l’apparence d’un phallus dans la plupart des cas. La recherche du phallus freudien est la recherche de cette libido (Freud, 1999). Dans le tantrisme, c’est Shiva qui est vénéré. Mais pas dans sa forme anthropomorphique (figure 5),

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Figure 5: Shiva anthropomorphique

dans sa forme ancestrale, le Shiva lingam (figure 7) (Michaël, 1991).  Cette élévation phallique représente la force de vie qui parcourt la matière. Cette dernière est le socle de cette érection, la matière permet à la vie d’être. Ainsi, le plaisir de vie (libido) retrouvé à l’intérieur de soi dans la méditation prend comme support cette posture pour s’incarner dans la réalité. Puis progressivement, le praticien parvient à généraliser cette sensation de vie à toutes les réalités et toutes les postures et vit ainsi toujours en phase avec la vie et le plaisir qui la sous-tend (Silburn, 2000 ; Odier, 2002).

Cette étape est la grande illumination (Patanjali, 1991 ; Silburn, 1980). Dans la méditation, il n’y a pas de transformation objective de la réalité, mais simplement une transformation subjective. Cette transformation change tout ce qui est perçu pour le pratiquant qui voit tout comme le refuge de la Vie et donc de Shiva. Le praticien, de ce fait, vénère toutes représentations comme la représentation du Shiva Lingam (figure 7) et ainsi la présence du grand Dieu en son sein, car la vie vit dans toutes choses (Michaël, 1991). Ainsi la méditation propose une réalisation de son souhait sans transformation objective de la réalité, car toute réalité n’est que subjective dans le tantrisme (Odier, 2016). Il y a donc bien une restructuration du principe de réalité pour que le principe de plaisir puisse être.

Passons au Grec à présent, pour observer si cette pensée était aussi utilisée dans l’antiquité. Hippocrate voyait le retour à la santé dans une prise en charge triple : celle de la prise en compte du malade, de la maladie et du médecin. Le médecin devait pouvoir être sincère sur ses limites, le malade devait aider le médecin à combattre la maladie et la maladie devait être prise en compte (Fischerová, 2017). Dans cette logique, on retrouve le malade comme acteur de sa maladie et la maladie comme expression de soi. Le médecin est là pour guider le malade à procéder à des réaménagements de la réalité quotidienne pour que ses humeurs (émotions) se mélangent de façon satisfaisante et ainsi ne crée pas la dominance d’une émotion suite à la frustration de celle-ci (Samama, 2015). Ainsi le médecin propose des modifications dans la réalité du patient, permettant au principe de plaisir d’être pleinement satisfait. Ces modifications sont objectives dans la culture occidentale, à travers une modification de l’alimentation, des activités quotidiennes et des lieux de vacation, favorisant ainsi un comportement plus bilieux (feu) ou flegmatique (eau) (les humeurs passeront à 4 avec la mélancolie et le sanguin sous Galien (IIes siècles apr. J.-C.)) (Thivel, 1991). La réalité du patient étant changée, son plaisir peut de nouveau s’exprimer si les modifications faites sont juste pour le patient.

Pour résumer, la dynamique thérapeutique semble être, quel que soit le nom de la thérapie, une prise en compte du plaisir du patient et une ré-harmonisation par rapport à sa réalité. Bien sûr comme nous l’avons vu dans la partie I, ses modifications ne conviennent pas toujours à l’ordre public et ainsi sont plus ou moins acceptées. Mais le fonctionnement de la démarche thérapeutique est celle-là : changer la réalité objectivement (en occident) ou subjectivement (en orient) pour la faire convenir au principe de plaisir du patient. Ces envies étant satisfaites, il retrouve alors sa plénitude. La difficulté est bien sûr d’agencer les lois aux envies, tout l’art du thérapeute et sa façon d’amener le patient à modifier sa vision du monde pour faciliter le transfert de ses plaisirs sur des objets accessibles ou simplement par une forme abstraite comme une mudra grâce à la méditation par exemple. Cette modulation de la réalité n’est possible que parce que la réalité n’est que subjective. Toute réalité n’est qu’une perception traduite d’un ressenti réel. Comme l’expliquait A. Berthoz sur la physiologie de la perception et de l’action (citer dans Wittezaele & Nardone, 2014, p.71) :

Percevoir n’est pas seulement combiner, pondérer ; c’est sélectionner ; c’est lever des ambiguïtés ; c’est décider. Percevoir, c’est choisir, dans la masse des informations disponibles, celles qui sont pertinentes par rapport à l’action envisagée.

Le thérapeute agit sur ce choix perceptible pour le remodeler à la convenance du patient afin que le plaisir puisse exister dans ce choix. Comme toute réalité n’est que subjective comme le montre Wilhelm Reich (1999, p.140) :

La décomposition de la lumière par un prisme nous renseigne exclusivement sur le comportement de la lumière déviée, elle n’éclaire en rien notre connaissance de la lumière non manipulée. 

Ainsi toute réalité « objective » n’est qu’une subjectivité partagée. Un choix délibéré d’un groupe de paires afin de voir la même chose. Dans cette vision, la réalité subjective devient alors « objective » pour ce groupe. Ainsi les démarches thérapeutiques se cantonnent à modifier la réalité « objective » pour la faire convenir au principe de plaisir du sujet. Comme l’expliquait Milarépa (Lamothe, 2006, p.460) : « Quand le rêve et la veille ne se distinguent plus, la méditation atteint à la perfection. ». Cette perfection est l’illumination recherchée par les sages orientaux. Cette logique revient à vivre sa vie comme on le souhaite et d’accepter pleinement ses désirs à l’intérieur de son être. Dans la tradition psychanalytique, le moi est le médiateur, celui qui donne sens au ça et au surmoi (Freud, 1999), ainsi si on en extrait l’idée : il est le médiateur entre le ça qui rêve et le surmoi qui veille. Le principe de plaisir est incarné par le ça, l’inconscient freudien et le principe de réalité est incarné par le surmoi, le « juge » freudien, gestionnaire de la Loi morale que le sujet s’impose (par héritage culturel et social). Le travail de l’analyste est d’amener le patient à trouver un consensus entre ces deux instances : le moi.

En faisant cela, la perception du monde extérieur se transforme pour s’accommoder des impressions intérieures. Ainsi quand monde intérieur et monde extérieur ne font plus qu’un, on a atteint la parfaite Réalisation dans la tradition mystique orientale. Cette Réalisation est d’ailleurs le fait de constater parfaitement ce qu’est la réalité pour nous et d’accepter pleinement cela. Voilà pourquoi le bouddha se fait appeler le Tathagata : celui qui a réalisé ce qui est (pour approfondir cette recherche, je vous invite à voir Sadhguru, 2019c).

Cette modification de la réalité par le principe de plaisir n’est possible que si la personne réinvestit son énergie dans son principe de plaisir et le pousse à émerger. Ce réinvestissement opère par un retour à soi, à l’intérieur de son corps, où l’on peut de nouveau toucher à ce plaisir originel de vivre. Cette démarche est très développée dans la méditation orientale et a eu une répercussion majeure dans l’œuvre de Carl Gustav Jung. Pour Jung, le Tout se rejoint dans l’individu. L’individu étant « individum », non divisé en latin, non divisé du Tout (Cazenave, 2017). On peut remarquer que la définition juridique de l’individu est reliée à une personne morale définie par ses droits et devoirs au sein de la civilisation qui le considère (Bossi, 2003). Cette distinction permet de témoigner les différences de points de vue qui jalonnent le monde et les deux points observés en partie I et II de ce mémoire. Nous pensons que le point de vue Jungien, reliant l’individu au divin (Purusha védique), fut un apport salvateur dans les thérapies occidentales, rappelant le rôle essentiel de l’individu dans sa quête personnelle. Enlevant ainsi l’influence du tiers (thérapeute, enseignant, expert…) dans son rôle de choix dans la démarche thérapeutique, cette dernière ainsi redonne intégralement les rênes à son patient afin qu’il trouve lui-même la démarche pour se sentir mieux. Le patient peut alors entièrement s’émanciper de la pression environnementale pour trouver sa vérité en soi. Cette démarche évite les pratiques d’exorcismes qui ne font que repousser le mal et ne permette pas de métamorphose libératrice pour le patient. Bien que notre société prône le libéralisme, bien trop de personnes sont encore enfermé dans un asservissement personnel et extérieur. Fondamentalement, comme nous l’avons vu, la thérapie est là pour redonner le libre arbitre à chacun.

Cette intériorisation permet l’acceptation de son plaisir et sa réalisation comme telle à chaque seconde. Cette réalisation est le chemin qu’ont décidé de suivre les sages orientaux. En occident, ceci passe par l’analyse psychologique, lorsque le patient termine sa thérapie, son bonheur est son quotidien. De ce fait, quelle que soit la thérapie, le plaisir introduit dans le présent est la source de la réalisation. La méditation et les thérapies proposent ce chemin par le réajustage de son environnement de façon concrète ou abstraite.

Ainsi le retour à Soi soigne grâce à une modification de notre point de vue sur la réalité et de ce fait, notre façon d’interagir avec elle.

Cette recherche a été évoquée par de nombreux grands sages, mais elle doit être répétée par chaque nouveau vivant, car c’est le chemin pour s’incarner dans la parfaite joie de la vie (Cazenave, 2017).

Alors bon voyage à tous, faites de votre plaisir, une réalité !

 

Références:

(j’ai mis toutes la bibliographie de ce mémoire certaines références appartiennent aux 2 articles précédents).

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