Dans la légende indienne, le grand Brahman forme le Tout. Il est l’essence de vie de chaque parcelle de l’univers, intriqué et emmêlé dans chaque forme de vie. La forme anthropomorphique de cette représentation est le couple Shiva-Shakti en union (yoga en sanscrit): Shiva représente l’impulsion de vie alors que Shakti représente la forme émanant demandant cette impulsion pour vivre. C’est comme la chair morte attendant les bactéries pour se transformer et continuer de vivre.
Ce couple sacré est représenté comme un Linga :
La base étant Shakti, ce qui est, et l’élévation, la forme phallique, la force de vie. Les deux sont intrinsèquement liés pour l’éternité. On retrouve cette forme dans le bouddhisme ésotérique avec la forme de MahaVairocana, le grand bouddha solaire (ci-dessous) qui avec sa mudra (sceau réalisé par ses mains) représente cette union sacrée. Les taoïstes le symbolisent par le yin-yang, tandis que les chrétiens lui donnent le signe de la croix (horizontal : shakti ; vertical : Shiva). Ce sens caché des choses se retrouve partout, car il est l’essence de tout être. Comme l’explique Amit Goswami (professeur en physique quantique): Pour déclencher le Big Bang, la grande éruption de vie qui a bouleversé ce qui était (Shakti), il a fallu une parcelle de conscience (Shiva), qui a donné cette dynamique à ce Tout inerte. On retrouve cette pensée dans la tradition hébraïque de la Kabbale, Ein Soph, l’infini, le Dieu de toute chose est la conscience fondamentale. Celle-ci créait une Émanation au sein du vide, propageant une dynamique dans cette « mousse quantique ». À partir de là, une création s’opère au niveau subatomique. La formation de particules commence à se faire. Cette action en entrainant une autre, des cellules se forment, composant des structures de plus en plus complexes, s’assemblant en plusieurs mois pour créer un organisme vivant et à plus grande échelle en créant au fur et à mesure des écosystèmes complexes et nos galaxies après plusieurs milliards d’années de procédure. C’est la magie de la vie.
Une parcelle de conscience fait naître toute chose.
En philosophie, ceci est appelé un Qualia. C’est la plus petite unité de conscience qui aborde la pensée de : « cela est ». C’est l’input sensoriel initial qui permet aux choses d’exister dans notre existence. Avant d’être quelque chose, toute chose est juste une information (in-formation : non formé) pure. Puis, le mental prend le relais et lui donne une forme. Ainsi toute création est née de ce germe de conscience. À l’image de la graine de sésame montrée par Jésus, qui, une fois plantée, donne une plante de bonne taille. La conscience est cette graine qui, une fois arrosée par une attention vigilante, fait naitre l’impossible. Toutes nos créations sont bâties à partir de cela. C’est pour cela que Theise & Kafatos (2016) postulent que la science devrait rajouter un axiome dans sa manière de concevoir la vie :
« Le substrat de l’existence est la conscience fondamentale. »
Ce qui fait parfaitement écho au premier précepte des Shiva-sutra:
« La conscience est le Soi »
Note : Une traduction possible de Buddha est bud, racine de Budhi : l’intellect ; dah : celui qui est au-dessus, qui transcende (https://www.youtube.com/watch?v=VDsw7ggFWq8), car il a transcendé son intellect pour retourner à la réelle source de la réalité, son être, sa conscience primordiale. Le deuxième surnom de Siddharta Gautama est Tathâgata : celui qui a réalisé l’ainséité (ce qui est).
« Le nom de de Shiva est susceptible d’une autre interprétation. La lettre Sh signifie la béatitude éternelle. La lettre I veut dure le purusha, l’Etre humain primordial, et la syllabe VA veut dire Shakti, l’Energie féminine primordiale. Leur union dans le bonheur permanent est Shiva. De la même manière l’adorateur doit faire de son propre être un tout harmonieux et baigné de bonheur ». (Les légendes immémoriales du dieu Shiva, de Tara Michaël, Ed. Gallimard, p.144.) Ce que l’on peut voir ainsi, est que le nom de Shiva montre la voie de l’union au Tout :
- Se connecter au Tout à l’intérieur de son propre être et ainsi toucher à la béatitude éternelle.
- Puis s’unir à l’UnIvers (Uni-vers: vers-l’un (I:le purusha) = Shakti, sa dévouée qui ne cesse d’admirer Shiva et de retourner à lui) par ce lien à son Soi sacré (l’âtman) : Rencontrer chaque être, chaque chose, à partir de son être et ainsi dans une béatitude éternelle voir que le Soi regarde le Soi.
Les sources, pour aller plus loin :
Les légendes immémoriales du dieu Shiva, de Tara Michaël.
Amit Goswami, le médecin quantique
L’article de Theise & Kafatos, 2016: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4951167/